Le marché
Une ambiance particulière empoisonnait l'atmosphère devant l'étal du primeur. Quelques cageots vides gisaient sur le trottoir. Habituellement, ils y étaient posés. On aurait dit que quelque chose s'était passé, sans savoir quoi. L'intuition d'un événement désagréable.
Le sourire des gars ressemblait plus à une grimace. On sentait la tension. Entre eux, mais aussi dans l'air, électrique. Les gestes qui mettaient les aubergines ou le raisin dans les sacs en papier étaient mécaniques, l'inattention régnait.
Combien de fois, en cette matinée, l'un des commis avait-il redemandé au client ce qu'il souhaitait ? Combien de fois, le patron avait-il haussé le ton, ce qu'il ne faisait jamais ?
Puis, à force d'attendre son tour, on comprenait, par des bribes de conversation et les réflexions des commerçants, qu'une bagarre avait éclaté quelques minutes plus tôt, rapidement interrompue par l'arrivée de la police.