Du rêve

Publié le par Petits Ecrits

Lorsqu'il descendit dans la cuisine, le café était prêt et la radio emplissait la pièce d'une de ces chansons auxquelles on ne prête pas d'attention particulière. Il l'éteignit et sortit sur la terrasse avec un bol fumant. Les premiers moments du matin étaient ses préférés, car il lui permettaient de tout imaginer. L'enfance que ses parents lui avaient procurée était prometteuse. Il s'autorisait donc à rêver d'une vie qui le serait tout autant. L'étranger l'attirait, il se voyait tantôt petite main dans une association humanitaire, tantôt aventurier.

Dans le premier cas, il construirait des hôpitaux et des écoles dans des contrées reculées. Il transpirerait sous la chaleur étouffante, sentirait la sueur couler sur son corps bronzé et soignerait, chaque soir, les nouvelles craquelures qui orneraient ses mains, mais il rirait avec ses compagnons de construction. L'ambiance est toujours bonne, là-bas, se disait-il.

La magie de la méditation le fit se transformer en un cartographe ; au-dessus de sa tête, la canopée ou le ciel bleu azur des déserts de pierre. Il apprendrait à comprendre la nature, la respecterait et en relèverait scrupuleusement les dénivelés. Bien sûr, rien ne lui appartiendrait, mais il se sentirait en son fief. Un métier qui le transformerait en roi du monde.

Tout à ses rêveries, il entendit sa soeur entrer à son tour dans la cuisine. Elle ralluma la radio : "Moi aussi, j'en ai rêvé des rêves tant pis. Tu la voyais grande et c'est une toute petite vie..." Le refrain creva sa bulle de sommeil. Il ouvrit les yeux, le froid le saisit et son dos lui fit mal : il n'avait plus quitté le trottoir depuis des semaines.

Publié dans Elucubrations

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F
Superbe! le texte y est plus long que d'habitude...
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